vendredi 07.08.2009, 04:46 - La Voix du Nord

Ils vivent ici en Roumanie, mais rêvent d'un là-bas à Lille

Ils ont vécu à Lille, dans des caravanes. Ils espéraient intégrer un village d'insertion. Ils ont bénéficié de l'aide au retour « volontaire ». Depuis février, ils sont de retour dans leur village roumain. Nous sommes allés à leur rencontre en juin.

PAR HEDWIGE HORNOY
Valea Seaca, à près de 300 km au nord-est de Bucarest. Au sommet d'une butte de terre couverte de caillasses, derrière un buisson d'épineux, une baraque blanche et bleue défraîchie. Dehors, à côté de la porte d'entrée, une machine à laver dévorée par la rouille. « On n'a pas d'électricité, pas d'eau courante. Et là, la fenêtre est cassée. » Le petit bonhomme qui nous fait visiter les lieux ne nous est pas inconnu. « J'étais à Lille avant... » Le gamin, tout fier, récite les stations de métro qu'il arpentait pour faire la manche. « Rihour. Porte des Postes. Gambetta. » Une môme d'une dizaine d'années s'approche, timide : « Moi aussi, j'étais à Lille. » La jeune maman, un bambin dans les bras, explique que toute la famille « était en France de septembre 2008 à février 2009 ». Elle se tient le ventre, fait la grimace, se plie en deux. Elle a faim.
Il y a bien quelques lopins de terre autour, mais ce n'est pas suffisant pour nourrir toute la famille, composée de dix membres. Cousins, cousines, tante, grand-mère, tout le monde partage la même maison. Pas de pièce à vivre, juste des chambres, où trônent un grand lit et une armoire.
Faute de diplôme, ils n'ont pas de travail et peu d'argent. Pour les six enfants dont il a la charge, le couple perçoit « au total, 100 € par mois ». La matriarche au visage parcheminé, qui regarde le temps qui passe, assise dehors près du poêle à bois, ne touche pas de pension.

« En septembre... peut-être »
En quête d'un avenir meilleur, ils ont fait le voyage entre Bacau et Lille en autocar. « 1 000 € pour toute la famille. » En France, rien ne les attendait. Pour se loger, ils sont allés voir les Gitans français. « Ils nous ont vendu une caravane. » Pour se nourrir, ils se sont adressés à des associations. « On avait de quoi manger tous les jours. » Pour entretenir leur rêve, ils se sont tournés vers l'État et ont tendu la main vers les passants. « On a mis les allocations de côté, pour construire notre maison... là. » Le père pointe du doigt ce qui semble être les fondations. Une dalle en béton, quelques tasseaux de bois, des gravats comme remblais. « On a dû arrêter là, on n'a plus assez d'argent. » Accoudé à un break immatriculé « 59 », le père de famille confie qu'il prépare un nouveau voyage en France. « En septembre... peut-être. » Il nous questionne sur les mobile homes. « On était sur la liste d'attente avant de partir... » Les mobile homes, c'est un peu le Saint Graal pour ces Roms. « De l'eau, de quoi cuisiner, du chauffage. » Radija Cantaragiu, membre de la famille qui vit dans le village d'insertion de Fives, leur donne des nouvelles par téléphone. Ses enfants vont à l'école.
Elle et les siens apprennent le français. Mais voilà, la communauté urbaine de Lille ne finance plus de nouveaux mobile homes. En septembre, ce sera donc à nouveau la vie de caravane pour ceux qui reviendront à Lille. •

vendredi 07.08.2009, 12:00 - La Voix du Nord

Voyage en terre gitane au pied des montagnes roumaines

Des Roms, dans la métropole, on ne connaît que les bidonvilles de caravanes, les mobile homes que la communauté urbaine a fait installer pour eux, la mendicité... Mi-juin, nous sommes allés à leur rencontre, en Roumanie. Surprise : nous y avons retrouvé une famille qui était à Lille jusqu'en février.
PAR HEDWIGE HORNOY
Aéroport de Paris-Beauvais, 15 juin, embarquement pour Bucarest, Roumanie. Dans la poche, un carnet annoté : Radija Cantaragiu, Valea Seaca, Bacau.
Radija, c'est l'une des Roms qui vit à Lille, dans le village d'insertion de Fives, avec sa famille. Quelques mots échangés avec elle peu de temps après son installation, en février, suffisaient à comprendre qu'elle ne voulait pas rentrer au pays. Pour mieux saisir la situation, nous sommes partis à la rencontre de sa famille.
Arrivée à Bacau, à près de cinq heures de train au nord-est de Bucarest, la température avoisine les 35 ° C. Depuis la gare, on aperçoit des bâtiments désaffectés, des tours bétonnées, grises, mornes. Contraste saisissant avec les montagnes couvertes de pins, traversées en train depuis Buzau. Dans le centre, seules les églises orthodoxes, qui s'élèvent par dizaines, offrent une certaine qualité architecturale.
Nous logeons à une dizaine de kilomètres, à Lucani. Le maître des lieux travaille dans l'industrie céréalière. Son fils propose de faire le chauffeur jusqu'à la Valea Seaca, et le traducteur sur place. Nous acceptons non sans étonnement. Tous les Roumains rencontrés jusque-là cultivent une haine tenace envers les Roms, venus d'Inde, longtemps nomades, qui se sont installés en Roumanie, en Bulgarie et ailleurs voilà plusieurs siècles. Une population réduite à l'esclavage dans les pays de l'Est jusqu'au milieu du XIXe siècle, persécutée par les nazis dans la première moitié du siècle suivant.
La plupart des Roumains ne leur adressent pas la parole. « Ce n'est pas la meilleure chose qu'on ait chez nous », souffle Octavian, 22 ans. « Ils ne travaillent pas. » « Ils sont violents. » « Ils volent. » Ou encore : « Ils refusent d'aller à l'école. » Notre chauffeur, lui, n'a pas de préjugés à leur égard. « Je ne les connais pas. Je ne leur parle jamais. Je n'ai donc pas d'avis sur eux », avoue-t-il en chemin.
À droite, à gauche de la route, des plaines, à perte de vue, et la montagne au loin. Des charrettes tractées par des chevaux partagent l'asphalte avec les automobilistes. Celle-ci transporte du bois, celle-là du foin, une vache meugle dans une autre. Dans les parcelles disséminées çà et là, les paysans travaillent à la main, à la faux.
Valea Seaca. Notre chauffeur gare son break cabossé sur le bord de la route et va se renseigner auprès d'un petit vieux, assis sur un banc devant sa maison.
« Il ne connaît pas cette famille, mais il dit que les Gitans vivent par-là, dans cette rue. » Les Gitans, c'est ainsi que les Roumains appellent les Roms. Alina Costin, jeune prof de français dans un lycée de Bacau, avoue avoir « découvert le terme rom avec l'entrée du pays dans l'Europe ». Dans l'Hexagone, on nomme ainsi ceux qui viennent d'Europe de l'Est, pour les différencier des Gitans français.

Baraques défraîchies et Dacia rouillées
Derrière un grand portail, une cour en terre battue. Des hommes, quelques femmes et une flopée de gamins se précipitent vers nous. Un môme haut comme trois pommes dévore un saucisson à pleines dents. Devant notre regard incrédule, le père se contente de sourire.
Le nom de Radija ne leur dit rien. « Rada ? » Peut-être son surnom. « Son fils porte un corset pour maintenir son dos ? » C'est ça, c'est bien elle. Notre guide échange quelques mots en roumain avec un jeune homme d'une vingtaine d'années. Il va nous emmener dans une maison un peu plus loin. Le village est constitué d'une seule rue, bordée de baraques défraîchies et de Dacia rouillées.
Une jeune femme et son mari viennent à notre rencontre. Rada, bien sûr qu'ils la connaissent. La dame qui arrive, justement, est sa belle-mère. Eux aussi ont vécu à Lille, de septembre 2008 à février 2009. Depuis leur retour au pays, ils n'aspirent qu'à une chose : revenir dans la métropole. •

THE LAST DAY

Repartir et déjà revenir...
Jeudi matin, nous avons pris le train pour Bucarest, laissant derrière nous Sibiu et ses maisons aux yeux globuleux. Six heures de trajet pour brasser une dernière fois la diversité des paysages roumains. Ses collines escarpées, ses vallées verdoyantes, ses rivières. Je suis étonnée par l'immense chantier d'aménagement de ce qui semble destiné à être un barrage. Sur les quelques 300 km qui séparent Sibiu de Bucarest, les ouvriers creusent, déblaient, remblaient le lit de la rivière.
Dans la capitale, nous retrouvons les 36°C que nous avions laisss. Chaleur étouffate mêlée à la pollution. Crissements de pneus, coups de klaxon. C'est assourdissant. On ne fait pas long feu dans les ruelles. Nous préférons retrouver l'appartement d'Adina et Octav'. On y déguste quelques bières au soir... Ursus, Timisoeara, Tuborg... Pas de quoi cuisiner dans le logement, alors on improvise un pique-nique sur le lit, à l'abir de la pluie qui innonde le balcon.
On se raconte nos anecdotes respectives, on montre et on prend des photos. Et puis les amis de mes couchsurfeurs me parle des Marmures, au nord du pays. Les églises en bois, les montagnes, les tenues traditionnelles. Je regarde sur le net le prix des billets d'avion... Je peux me rendre à Cluj au départ de Paris-Beauvais pour 80 €. Adina me confie qu'elle m'accompagnerait volontier.
Prochain départ pour la Roumanie fin septembre début octobre certainement.

JOUR 10

Ca sent la fin...
Petite journee. Apres une balade dans les ruelles, mon estomac m`a fait comprendre qu`il n`avait pas apprecie l`eau du robinet de Brasov. Cecile est partie decouvrir la campagne autour de Sibiu. Rien d`exceptionnel a l`entendre. Moi j`ai fait le musee d`ethnographie pres de l`hotel, entre deux siestes.
Et puis, l`avantage d`etre dans une auberge de jeunesse, c`est qu`on voit des baroudeurs debouler regulierement. Cet aprem, un jeune francais qui a pris son sac a dos pour un periple de deux ou trois semaine a travers la Roumanie, la Bulgarie et peut-etre la Turquie... finir a Istanbul.
Demain le train donc, pour Bucarest.

JOUR 9

Maison transylvanienne de Sibiu.

Bienvenue a Sibiu...

J`ai bien cru que nous ne parviendrions pas a quitter cette fichue ville de Brasov. D`abord, Cecile, qui s`est rendue compte arrivee a la gare qu`elle avait oublie son telephone portable a l`hotel. J`ai du l`attendre 30 minutes sous la pluie orageuse, le temps qu`elle fasse l`aller-retour. Ensuite, le bus que nous devions prendre a 11h30 a ete annule a la derniere minute. Bon, nous optons pour le train de 13h01... Qui ne nous a arrache a Brasov qu`a 13h45. Enfin !

Bon, ca en valait la peine. Sur la route, entre deux roupillons (bah oui elle fatigue la vivige), je remarque a nouveau des charettes en bois, des fermiers qui taillent les champs a la main.

Nous sommes arrivees vers 17h a Sibiu. Douce et calme cite. Presque personne sur la petite place ou se trouve la pension ou nous allons passer la nuit. Une charmante terrasse ou je deguste une soupe au poulet (un bouillon en fait), pour a peine 2 euros. L`architecture est maginifique. Presque toutes les maisons sont classees monuments historiques. Les eglises sont splendides. Les maisons ont toutes des belles-voisines qui semblent nous observer. Big brother is watching you...

Nous pensons prendre le temps de profiter de cette douce ville demain et d`embarquer dans le train pour Bucarest mercredi a 6h... du matin, oui oui, retrouver Alina et Octav pour une derniere soiree avant de regagner la France.

JOUR 8

Meurtrière dans le chateau du soi-disant Dracula.

De la piste bleue a Dracula...

Si vous aimez les vacances, disons, conventionnelles toursitico-touristiques, alors vous aimerez Brasov. Si vous etes plutot baroudeur routard, vous serez aussi decu que moi.
Ce matin, nous avons pris le bus dans l`espoir de faire une randonnee sympa dans les montagnes. L`endroit en question est en fait un enorme complexe hotellier en extension. On nous avait indique une telecabine, qui nous a emmene a 1800 m d`altitude. Mais ormis deux panoramas, on ne peut le nier, remarquables, point de chemin de randonnee a l`horizon. Nous avons du nous contenter d`une descente sur piste (la piste bleue de ski en periode hivernale) pas particulierement agreable.
On decide donc de se rendre au chateau de Dracula, a quelque 40 km de Brasov (Bran). Et la, meme sensation desagreable. Partout des touristes. Allemands pour la plupart. Le chateau n`est pas desagreable, mais on en a vite fait le tour.
Retour a l`hotel. Resto en terrasse et... sous la pluie. Premier orage depuis notre arrivee. Signe que nous avons passe suffisamment de temps dans ce coin beaucoup trop toursitique pour nous.

JOUR 7

Retour brutal a la civilisation...
Brasov, cite balneaire par excellence. Nous avons quitte Lucani (Bacau) ce matin pour prendre le bus pour Brasov. C`est le coeur lourd que j`ai embrasse Augusta, la mere de notre couch surfeur. La douleur a ete encore plus grande, quand, au fil des kilometres qui nous eloignaient de notre maison de reve, je constatais que nous entrions dans une region plus riche, plus occidentale.
De moins en moins de charettes sur la route, des machines agricoles apparaissaient meme dans les champs. Et puis, au milieu des Carpates, des concessionnaires auto, des panneaux publicitaires. Dur retour a la civilisation.
A Brasov, le charme tant attendu d`une vieille ville se dessine a peine. J`espere beaucoup de la randonnee que nous entendons faire demain dans les montagnes environnantes. Mais je ne ferai pas de vieux os ici. J`ai deja propose a Cecile de prendre le train des demain pour Sibiu. Sauf que l`on vient d`appremdre que le contact qui devait nous emmener voir les Roms n`est pas disponible...

JOUR 6

Famille de Roms qui a vécu à Lille.
Sur la route des Roms...
Nous voici pratiquement au terme de la premiere semaine. Je ne me lasse pas de ce pays magnifique. Melange de tradition et de modernisme. Je suis toujours etonnee de croiser les charettes en bois tirees par des chevaux sur les memes routes que les voitures.
Ce matin, notre guide nous a emmene a la Valea Seaca. Miracle ! Nous y avons retrouve la famille de Radija, la jeune Rom qui vit dans le village d`insertion de Fives. Mieux, nous avons rencontre des Roms qui ont vecu a Lille. Tandis que nous sommes invitees a venir voir la maison qu`ils construisent (les fondations en fait, puisqu`ils n`ont plus d`argent pour continuer les travaux), je reconnais un visage... Celui d`un garcon que j`ai vu a Lille. Il parle francais, evoque les stations de metro de la ville. Porte des Postes, Wazemmes, Gambetta. Sensation etrange de retrouver un visage connu au fin fond de la Roumanie.
Ici, ils vivent sans eau courante ni electricite. Ils percoivent au total, pour leur six enfants, 100 euros d`allocations par mois. Ils veulent revenir en France, meme pour vivre dans une caravane. Mais le top serait d`obtenir un mobil home. Nous les quittons a regret pour nous rendre a Bacau, ou Alina nous attend.
La jeune femme est professeur de francais dans un lycee. Quel bonheur de pouvoir dialoguer sans barrieres. Elle nous emmene chez elle, ou elle vit avec sa mere et sa grand mere. Cette derniere confectionne des jupes fabuleuses pour les gitanes du quartier. Elle en invite une a essayer un vetement. L`occasion pour nous d`en connaitre un peu plus sur leurs traditions.
Nous apprenons que les mariages sont arranges. Des l`age de cinq ou six ans, les parents decident avec qui vont se marier leur fils ou leur fille. Pas de mariage a l`eglise ou a la mairie. Il est effectif vers l`age de 12 ans. La famille du garcon couvre celle de la fille de cadeaux... argent, vetement, tapis. Les enfants suivent rapidement. La gitane que nous rencontrons a 32 ans et a deja cinq enfants. Deux de ses filles sont deja mariees.
Elle nous explique la tenue traditionnelle, qu`elle porte fierement. Deux nattes, le reste des cheveux couvert d`un fichu. Une jupe coloree, des bijoux en or... Les dents aussi, sont pour certaines couvertes d`or.
Bientot, avec sa famille, elle va fermer sa maison a double tour pour s`adonner au nomadisme dans les villes autour de Bacau, confectionner des bassines... Elle appartient a une communaute de Forgerons.
Pour notre part, nous allons prendre la route pour Brasov demain matin. Quatre heures de bus dans les montagnes. Et puis, nous avons decide de nous rendre egalement a Sibiu, mardi et mercredi, ou une jeune femme doit nous faire rencontrer des Gitans. Seulement alors, nous regagnerons Bucarest.

JOUR 5


Ferme archaïque de Lucani, où l'on fabrique du fromage de brebis.


Je redecouvre le sens des mots calme et serenite...
Nous sommes logees dans une maison de reve. Le pere de notre couch sufeur a travaille dans l`industrie du bois et a decide de faire sa maison, dans la campagne, sur le mode des chalets canadiens. La mere, institutrice a la retraite, cultive son jardin, tel Candide. Elle confectionne chaque jour des plats delicieux. Des bouillons au poulet, des choux et des feuilles de vignes farcis de viande et de legumes.
Le frere de notre couch surfeur est un guide fabuleux. Catholique parmi les orthodoxes, il nous a emmene peu avant midi dans le monastere qui jouxte sa maison. Le prete, italien mais qui parle le francais, nous a accueilli dans son eglise. Il nous a explique le symbole de chaque vitrail, de chaque mosaique construit en Italie sur le modele bysantin. Il nous a fait visiter le petit musee d`art roumain, qui fait aussi office d`atelier de poterie et ceramique pour les jeunes. Sur le flan de la colline, nous avons ensuite fait le chemin de croix, edifie en pleine nature. On en retrouverait presque la foi. Direction ensuite une ferme traditionnelle, pour ne pas dire antique, ou l`on fabrique du fromage au lait de chevre.
Dans l`apres-midi, nous avons traverse la foret, dans les Carpates. Paysages magnifiques. Et puis soudain, au loin, un aigle fend le ciel. Dans la vallee, un couple d`agriculteurs ramasse le foin a la fourche pour le mettre dans une charette en bois. Le cheval qui la tire attend un peu plus loin. Au sommet d`un chemin escarpe, un village et ce couple qui nous invite dans sa cour. La un cochon, ici, quelques poules. La vieille dame ouvre son porche, deux vaches se detachent du troupeau qui traverse le village et rentrent chez elle.
C`est tout bonnement magique.

PS : desole si je ne mets pas de photo, mais je prefere les trier en rentrant pour vous donner les meilleurs.

JOUR 4

Volcans de boue, au milieu des montagnes, près de Berca.


Levees au petit matin, nous sommes parties pour les volcans de boue, a cote de Buzau. Nous avons pris le bus direction Berca et la, il nous a fallu trouver la route pour les volcans. Aucun bus ne peut nous emmener dans les montagnes. Nous essayons une route, puis deux. Au triosieme essai, nous trouvons la bonne. Nous nous enfoncons dans les Carpates. Le paysage est tout simplement splendide. Montagne silencieuse a peine perturbee par le battement d`ailes de papillons jaunes, blancs, noirs, mauves...
Et puis soudain, le tintement d`une cloche. Au milieu des montagnes, une famille de berger emmene ses moutons et ses chevres. Ils sont la, au milieu de nulle part, comme un mirage dans le desert.
Nous continueons notre route et arrivont dans un petit village. Apres deux heures de marche nous nous arretons a l`ombre d`un bosquet pour pique niquer. De la charcuterie achetee le matin, avec du pain. Le bonheur !
Dans le village nous rencontrons un petit vieux, avec son chapeau de paille. Vasile. Il nous emmene a travers les monts jusqu`aux volcans. Sans lui, nous aurions fait des detours et certainement pas trouve ces fameux volcans de boue en ebullition.
Retour esnuite a Buzau dans un petit bus, a travers des routes chaotiques. Juste le temps d`attraper nos sacs laisses a l`hotel pour la journee et nous prenpns le train pour Bacau.
Suite au prochain episode... A l`heure ou j`ecris ces ;ots, je suis dans une maison de reve...

JOUR 3

Marché couvert de Buzau.

Nous avons quitté Bucarest dans la matinée pour nous rendre a Buzau. Deux heures de train. Cécile a eu un choc en arrivant. La ville n'était pas très accueillante, je vous l'accorde. Si on ajoute à cela un ciel gris, et personne qui parle anglais, imaginez un peu la tête de Cécile. Décomposée. Moi ça m'a fait beaucoup rire. Je ne sais pas pourquoi, mais je pressentais un potentiel dans cette ville. Pas manqué.
Nous avons tenté de visiter la ville après avoir cherché un bus qui pourrait nous emmener le lendemain aux volcans de boue. Nous sommes tombées sur un marché couvert où fleurait bon les cerises, les fraises, les tomates, l'aneth... Nous nous sommes installées sur une terrasse pour savourer une bière, et la... surprise. A côté de nous, un Roumain qui vit en France, mais été rentré dans son pays pour une semaine, pour venir chercher sa fille. Nous avons discuté. Il nous a trouvé un peu folles de faire un road trip en Roumanie, toutes les deux, sans mec pour nous accompagner. Et puis, il nous a emmener chez ses beaux-parents, manger de la ciorba (soupe) et un plat typique à base de poulet et de légumes marinés. Un délice !
Stefan, tel est son nom, nous a parlé des Roms. Il nous a affirmé qu'il existe toute une organisation pour ceux qui viennent en France. "Ici, ils vivent en famille de 20 voire 30 personnes. Quand il y en a un qui decide d'aller en France, il propose aux autres de leur payer le voyage. En échange de quoi, en France, ils devront lui ramener tous les jours de l'argent." Stefan déteste cette organisation qui creuse l'écart déjà considérable entre Roms riches et Roms plus pauvres.
Je suppose que tous les Roms qui viennent en France ne dépendent pas de cette organisation. J'espère.

JOUR 2

La chaleur est ahurissante. La temperature est montée jusqu'à 36 degrés aujourd'hui. Nous avons rencontré Julia ce matin. Une roumaine venue dans la capitale pour étudier la chirurgie vétérinaire. Elle nous a emmené voir des coins sympa de la ville. Mais je n'ai pas pu discuter énormément avec elle... je ne comprenais pas un traite mot de son anglais.

Les Roms sont partout. Ici, ils vendent des fleurs. Certains à l'arrache, d'autres dans des sortes de boutiques. "C'est un travail typiquement gitan", nous a expliqué Adina. A la sauvette, ils vendent aussi des pommes de douche, des paquets de mouchoirs, des boites de pansement, des fruits... C'est très hétéroclite. J'ai été étonnée de voir que ceux qui mendient le plus sont les vieux. Les enfants en seconde position. On les reconnait aisément à leur couleur de peau (ils sont plus typés) et à leurs habits (plus traditionnels... comme le fichu sur la tête pour les femmes).

Nous ne sommes pas allées voir le quartier rom de Bucarest. On a prévu ça pour le dernier jour, avant de repartir en France. Demain, direction Buzau et ses volcans de boue. Tout le monde nous déconseille la ville, qui, semble-t-il, n'est pas belle à voir. Mais quand on évoque les volcans, on nous comprend mieux. Nous ne savons pas encore où nous allons dormir la-bas. Nous allons appeler pour réserver un hôtel. Pas de couchsurfeurs dispo.

JOUR 1

Fils électriques dans les rues de Bucarest.

Je vous ecris depuis mon lit... à Bucarest. Nous sommes hebergées chez Octav' (21 ans) et Adina (22 ans). Grand luxe, nous avons une chambre avec terrasse, au dernier etage d'une maisonnette.

Adina nous a rejoint dans un café (Mon amour) tout proche de la piata romana. Après un repas pris sur la terrasse, direction un bar en plein air, à peine couvert de paillottes, pour déguster une bière (Ursus), avec un de leurs amis qui a du nous quitter pour aller bosser. C'est le quartier des étudiants. "Les bars ne ferment que quand il n'y a plus personne."

Nous avons très vite abordé le sujet des Roms, les Gitans comme ils les appellent ici. Octav' ne mache pas ses mots. " Ils ne font rien. Ils ne travaillent pas. Ils nous volent." Adina poursuit : "C'est pour ca qu'on a des problèmes avec eux."

Elle nous explique qu'à l'université, son professeur lui disait de les "accepter", d'admettre qu'ils ont une autre culture. Mais pas question de parler d'intégration. "On ne veut pas, et ils ne veulent pas s'intégrer." L'un comme l'autre de nos hôtes regrettent que les Roms n'aillent pas a l'école, alors qu'elle est gratuite est obligatoire.


Demain, nous tenterons d'aller voir un quartier typiquement rom de Bucarest. Et nous sommes invitées a rester dormir une nuit de plus. Demain, la troisième colloque rentre et fête son anniversaire... Why not ?!

Dernier post de France avant le départ

Eh bien nous y voilà... Demain, c'est le grand départ pour la Roumanie. C'est un ami de Cécile qui nous conduit à Beauvais, et Séverine qui viendra nous rechercher. Les sacs sont prêts. Total : 10kg. Rien que ce matin pour aller jusque la gare, j'avais l'impression que mes épaules allaient lâcher. Mais pas de panique, Cécile m'assure que nous pourrons régulièrement déposer le gros sac et ne se trimbaler que le petit... espérons-le.
Bon, ensuite, normalement, c'est direction Buzau et ses volcans de boue. Puis Bacau, où nous irons à la découverte du quartier mixte (Roms Roumains) où vit Alina. Et puis, nous nous enfoncerons dans les Carpates et descendrons jusque Brasov avant de regagner Bucarest. C'est l'itinéraire tracé. Restent les aléas du voyage, les imprévus, les surprises... Nous avons hâte.
J'essaierai d'alimenter le blog le plus souvent possible, et peut-être même, d'y télécharger des photos... A bientôt !

Départ dans une semaine

Lundi prochain, à la même heure, je serai à Bucarest. Je commence à préparer les habits qu'il faudra faire rentrer dans le sac-à-dos. Après vérification sur le net, je confirme ma décision de n'embarquer que des pantalons en toile : 35° prévus en moyenne. Gain de place et de poids. Idem pour le sac de couchage. J'ai opté pour une version ultralight (640 g de duvet - au lieu de 1,5 kg pour un classique - payés 25 euros).
J'ai investi dans une carte routière du pays, bien sûr. Et j'ai donc pu commencer à tracer l'itinéraire. Je vais le soumettre à Cécile demain. J'envisage de prendre la route pour Buzau, et passer une journée autour des lacs. Puis train jusque la Valea Seaca, à 50 km au sud de Bacau, où nous espérons rencontrer la famille de Radija.
J'aimerais ensuite rentrer dans les Carpates, sans trop s'éloigner des routes principales. Pour enfin revenir à Bucarest, par le train peut-être.
Le stress monte, l'excitation aussi... Je touche un rêve du bout du doigt : partir sac-au-dos, à la roots.

CV de Jean-Pierre Liégeois

Jean-Pierre Liégeois est enseignant à l’Université de Paris 5 - Sorbonne où il a fondé en 1979 et dirigé jusqu'en 2003 le Centre de recherches tsiganes. Il fait actuellement partie du GEPECS - Groupe d'Etude pour l'Europe de la Culture et de la Solidarité.

Ses travaux ont ouvert de nouvelles perspectives de compréhension des communautés roms, par l’examen critique des politiques menées à leur égard, par la présentation du développement des organisations politiques roms, et par la définition de propositions destinées à améliorer une situation difficile.

Depuis le début des années 1980 il a travaillé en étroite collaboration avec le Conseil de l’Europe et avec la Commission européenne. Dans le domaine de l’Education, il a notamment dirigé les premiers séminaires de formation pour les enseignants, organisés par le Conseil de l’Europe, ainsi que 7 Universités européennes d’été sur le sujet, et en 1984 la Commission européenne lui a demandé de réaliser le premier rapport européen d’analyse de la situation scolaire des enfants roms dans l’ensemble des Etats membres; c’est sur la base de ce rapport que les ministres de l’Education de l'UE ont adopté en mai 1989 la Résolution qui reste actuellement le document de référence le plus important en la matière. Sur les questions scolaire et notamment l'enjeu de la démarche interculturelle dans l'éducation, il a publié Minorité et scolarité : le parcours tsigane, Centre national de Documentation pédagogique Midi-Pyrénées, Collection Interface, 1997.


Derniers ouvrages publiés

Roms en Europe, Editions du Conseil de l'Europe, Strasbourg, 2007, 311p.

L’accès aux droits sociaux des populations tsiganes en France (sous la direction de J.- P. Liégeois) Rapport d’Etude de la Direction générale de l’action sociale, Editions de l’Ecole Nationale de la Santé publique, Rennes, 2007, 267 pages

Roms et Tsiganes, Editions La Découverte, collection Repères, 2009, 128 pages.

Entretien avec Jean-Pierre Liégeois

J'ai eu l'occasion de rencontrer Jean-Pierre Liégeois, tandis qu'il venait à Lille faire une conférence sur l'Itinéraire culturel rom, dans le cadre de Lille 3000. Voici la version formelle. Quelques questions en vrac suivront dans un prochain post.

Que vous pensez des conditions de vie des Roms dans la métropole lilloise ? Ceux qui vivent dans des bidonvilles. Quand on leur demande pourquoi ils ne repartent pas en Roumanie, puisqu'ici, ils n'ont finalement pas la vie qu'ils s'imaginaient, ils répondent que c'est tout de même mieux ici. Qu'en pensez-vous ?

Il faut me semble-t-il pour comprendre la situation démêler plusieurs fils. Dire d'abord que la plupart des Roms ne sont pas nomades, et parmi ceux qui sont mobiles, franchissant des frontières, beaucoup ne souhaiteraient pas bouger mais le font par obligation, pour s'adapter à des conditions d'existence changeantes, souvent menaçantes. Au cours de 1000 ans d'histoire, depuis l'Inde, on assiste à des déportations, par exemple du Portugal vers l'Afrique et le Brésil, de l'Angleterre vers les colonies d'Amérique et vers l'Australie. Et quand des conflits se produisent, les Roms, pris comme boucs émissaires ou bloqués entre d'autres protagonistes doivent partir, un des exemples récents étant le Kosovo, d'où la presque totalité des Roms sont partis pour survivre et se sont réfugiés dans d'autres Etats qui maintenant veulent les renvoyer sans mesurer les risques qu'ils courent. On peut mentionner aussi le fait que les caravanes, pour ceux qui vivent ainsi dans certains Etats, aient des difficultés pour s'arrêter, en raison des expulsions, entretient le nomadisme comme réponse nécessaire à un environnement rejetant.

Les Roms nomades sont numériquement peu nombreux, mais tous les Roms ont dû intégrer la mobilité dans leur existence, pour s'adapter à un rejet qui reste dominant. La montée actuelle des discriminations, dont les Roms, tous les rapports internationaux le montrent, sont les premières cibles en Europe, ne va pas entraîner une stabilisation des familles. C'est dans ce contexte que l'on doit situer la question des mouvements migratoires. On a bien connu au cours des mois derniers le rejet exacerbé qui s'est développé, jusqu'au niveau étatique, en Italie. On sait moins que récemment la Hongrie a été le lieu d'une série de meurtres dont les roms ont été victimes.

Vous mentionnez la Roumanie, et je ferai plusieurs réflexions. Je dirai d'abord que la Roumanie est souvent stigmatisée, or elle fait beaucoup pour les minorités, et pour les Roms. Certaines dispositions ou actions n'existent nulle part ailleurs, par exemple un réseau d'inspecteurs pour la scolarisation des enfants roms, par exemple la formation et l'emploi de médiateurs de santé et de médiateurs scolaires roms, par exemple un centre national de la culture rom, dans le ministère de la Culture, etc. Mais il faut dire ensuite que les conditions économiques sont très mauvaises, que les familles sont bien souvent en situation de survie, que l'échelle des mesures à prendre est à considérer à la lumière du fait que 10% de la population nationale est rom (comme si en France plus de 6 millions de pesonnes étaient rom) et enfin que en Roumanie, comme ailleurs, la discrimination à l'égard des Roms est très importante. Tout cela fait qu'ils ont intérêt à aller voir ailleurs si la situation est meilleure, et la Roumanie étant dans l'Union européenne, il n'y a pas de raison qu'en tant que citoyens roumains ils n'aient pas les même droits que les autres et puissent circuler.
Comment expliquez-vous l'arrivée massive des Roms dans la métropole ?

On parle parfois d'arrivées massives, mais il faut relativiser cela. La France n'est pas très ouverte, la plupart des Roms qui ont quitté le Kosovo, par exemple, sont allés en plus grand nombre en Italie ou en Espagne. Et une poignée de familles suscite immédiatement des réactions de rejet. N'oublions pas que les Roms sont une composante de l'Europe, ils sont avant l'heure des citoyens européens, présents dans tous les Etats et n'ayant pas d'Etat de référence, dépassant les 10 millions de personnes en Europe. Les questions qu'ils posent ne sont dons pas marginales, et les programmes développés pour eux ne sont pas des programmes pour des marginaux : ils sont au coeur des questions européennes, et nombre d'activités développées pour eux, notamment depuis plus de 25 ans par le Conseil de l'Europe, ont au contraire un effet paradigmatique, un effet d'inspiration, par exemple dans le cadre du développement d'une éducation interculturelle. Deux faits caractérisent l'Europe actuelle : la mobilité des populations, de toutes les populations, pour des raisons diverses, travail ou retraite, par exemple, et l'émergence des minorités, depuis 1990. Les Roms représentent les deux et les actions développées à leur égard peuvent aider les Etats à mieux gérer une diversité culturelle est devenue incontournable.

J'ajouterai que la question des migrations des Roms est quasi systématiquement surestimée quant au nombre des personnes concernées, et qu'elle est instrumentalisée dans le discours politique car elle vient justifier les dispositions prises en matière de contrôle et de filtrage aux frontières. La France sera probablement le dernier Etat à limiter la circulation des citoyens roumains et bulgare : la date butoir fixée dans l'Union européenne est fin 2011, mais la plupart des Etats, une majorité maintenant, ont décidé d'aligner dès aujourd'hui les droits de tous les citoyens de l'Union européenne. Depuis le début de 2009, 5 Etats ont levé les restrictions, ce qui porte leur nombre à 17, et bientôt d'autres vont suivre. Quant aux reconduites à la frontière, on sait qu'elles sont perturbantes pour les familles, inutiles et coûteuses. Un récent rapport du Sénat indique que le coût d'une reconduite est au minimum de 21.000 euros. Au lieu de reconduire 10 personnes pour 210.000 euros, ou 100 pour plus de 2 millions d'euros, on pourrait développer un bon programme d'intégration.
Que pensez-vous des villages d'insertion mis en place dans la métropole lilloise et ailleurs ?

Pour ce qui est des "villages d'insertion", il faut être prudent et voir en chaque endroit la situation de près. Comme en tous domaines, ils peuvent exister pour le meilleur comme pour le pire. Le fait d'avoir un logement décent créé de meilleures conditions de vie, ainsi que le fait de ne plus risquer une expulsion chaque jour. Il faut avoir des conditions de survie, et de sécurité, avant de pouvoir penser au travail et à la scolarisation. Ensuite, dès lors qu'on ouvre une concertation à l'occasion de ces relogements, si concertation il y a, entre les familles et les autorités, les progrès sont sensibles. Je mentionnais tout à l'heure les médiateurs roms, et on a là un exemple de situation où leur emploi serait déterminant, avec un rôle d'interface entre les autorités, la commune, et les familles. Leur formation et leur statut sont établis dans plusieurs Etats; il n'en est pas de même en France, et on a une belle occasion de commencer. Mais si ces espaces dits "d'insertion" sont comme c'est le cas dans certains lieux, des espaces d'enfermement, alors il s'agit d'une régression.

Qu'est-ce qui vous a conduit à travailler avec les Roms ?

Alors que j'étais lycéen à Dijon j'ai connu des familles roms dans deux situations difficiles, d'une part leur expulsion d'une place traditionnellement occupée par les caravanes, et d'autre part leur expulsion pour la suppression d'un bidonville. Avec des amis nous avons créé une association pour mieux organiser notre action et lui donner plus d'impact. J'ai eu aussi l'occasion de connaître des familles gitanes dans le sud de l'Espagne, et de développer des liens durables. Ce n'est que plus tard quand, étudiant, il m'était demandé de réaliser des travaux de recherche, que j'ai commencé à vraiment lire des documents, qui donnaient pour la plupart une image folklorique ou négative très éloignée de la réalité, et que j'ai travaillé dans les archives de certaines villes espagnoles. Au fil des années cela m'a mené à une thèse puis à une coopération avec le Conseil de l'Europe et la Commission européenne, à créer à l'Université un centre de recherches, et à lancer une série de publications européennes, et d'autres activités encore.
Entretien réalisé par Hedwige HORNOY

NOUVEAUX VISAGES

Quelques jours, une semaine tout au plus, que de nouveaux Roms ont débarqué à Lille. Elles sont à chaque coin de rue. Elles, ce sont ces femmes, ces mères, les cheveux couverts d'un châle, la jupe usée, la main tendue... "Une pièce s'il vous plaît... Pour les enfants..." Leurs gamins ont le cul posé à terre, comme elles. Ils agacent les passants par leur nombre... grandissant.
Rue Gambetta, ce midi, je regardais, désespérée, une mère mendier quelques ronds pour nourrir les deux petites filles qui dormaient sur le trottoir, blotties l'une contre l'autre.
Rue de Béthune, hier, à côté de la bouche de métro, c'est une fillette d'une dizaine d'années qui m'a fendu le coeur. Elle tendait son gobelet estampillé Quick.

Où dorment-ils en ce moment ? Comment vont-ils manger ?

Projection/débat à Lille Bois Blancs

Le comité d'animation des Bois Blancs et l'association le Printemps roumain, organisent une projection/débat sur le thème de la Roumanie. Le débat portera sur 'actualité du pays et permettra de découvrir le pays en évitant les clichés.
Vendredi 8 mai à 16 heures à l'Espace Pignon, 11 rue Guillaume Tell à Lille

LES ROMS DE LOMME

Une terrain vague, à côté de la gare de Lomme. Derrière une barrière rouge et blanche, au loin, quelques caravanes. "Elles ont changé de place", me fait remarquer Séverine, qui est venue deux jours plus tôt, après que 120 Roms soient montés dans un bus direction Lesquin où un avion les attendait pour repartir en Roumanie.

Sur le sol, des morceaux de bois, de ferrailles, mélangés à des vêtements, des peluches éventrées... Les restes des caravanes détruites le jeudi précédent. Séverine me raconte : "Une grue soulevait la caravane, la laissait tomber dans une benne et la broyait." Les Roms qui ont "bénéficié" du retour volontaire auraient donné leur accord pour que leurs biens soient détruits. "C'est pas vrai", tonne Nicolae.

Nicolae. Le crâne un peu dégarni, quelques dents plaquées or, les mains burinées par des années passées à réparer des auto dans des garages d'Espagne, où il a vécu neuf ans. Il parle français, et ne mâche pas ses mots. "L'interprète n'a pas du tout traduit comme il fallait aux autres. On leur a pas dit qu'on allait tout cassé quand il seront partis." Le Rom pointe d'autres problèmes de traduction. Il sort des papiers, estampillés du sceau de la préfecture. "Regarde, ici, ils ont écrit que j'étais en France depuis le mois d'octobre, mais c'est pas vrai." Il plonge ses doigts blessés dans son portefeuille pour en tirer une carte d'identité. "Là, regarde, c'est marqué, je suis arrivé en mars. Je leur ait dit." Problème : les policiers lui ont intimé, ainsi qu'à sa femme, de quitter le territoire avant le 11 avril. Les Roms n'ont en effet le droit de séjourner que trois mois en France.

C'est le problème d'un autre couple, qui vit dans la caravane voisine. "La PAF (Police aux frontières) a gardé leurs papiers", vient traduire un jeune homme. "Ils doivent aller les voir. Après, ils les conduiront à la frontière belge." Puisque c'est leur dernière adresse connue avant la France. Le couple nous demande de leur faire faire un tour de l'autre côté de la frontière et de les ramener à Lomme. "Comme ça, ils pourront rester encore trois mois ici." Nous refusons poliment, expliquant des problèmes pour notre propre sécurité.


Tandis que nous traversons le camp pour repartir, un gamin nous alpague. "Photo ! Photo !" Il pose, fièrement, avec son cadet. Puis avec sa petite soeur. Le papa s'y met. "Photo ! Photo !" il veut qu'on tire le portrait de ses petites filles. Puis une photo de famille. S'en suit tout un tas de mise en scène.


Nous repartons le coeur lourd, sous de grosses gouttes de pluie, et promettons de revenir. Bientôt.

Familles de Roms à Lomme


Les Roms intallés Porte de Valenciennes à Lille, ont été déplacés début mars, peu de temps avant l'ouverture de Lille3000 XXL (Coïncidence ?!), sur un terrain à côté de la gare de Lomme.
Le 9 avril, près de 120 d'entre eux ont "bénéficié" de l'aide au retour en Roumanie. Samedi, nous sommes allées, avec une collègue, à la rencontre de ceux qui sont restés. Ils nous ont annoncé qu'ils devraient tous quitter le terrain au plus tard le 30 avril.

Petits morceaux de vie quotidienne à Lomme








Visages de Roms de Lomme

Nicolae et son épouse.










Les enfants roms de Lomme







PRESSE

Des ONG "inquiètes" du sort des journalistes en Moldavie

BUCAREST - Le Club roumain de la presse (CRP) et plusieurs associations défendant la liberté d'expression se sont déclarés "inquiets", vendredi, du sort des journalistes roumains en Moldavie, dont plusieurs ont été interpellés ou expulsés ces derniers jours. "Nous appelons les autorités moldaves à assurer l'intégrité physique des journalistes, vu qu'ils sont dans l'exercice de leur métier", a indiqué le CRP dans un communiqué.
Le Club regrette en outre que depuis la décision, mercredi, de Chisinau d'introduire un régime de visas pour les Roumains, les journalistes de ce pays "ne sont plus autorisés à entrer en Moldavie, ce qui prive le public roumain d'informations" sur l'Etat voisin. "Il s'agit d'une attitude intolérable pour un pays qui affirme vouloir intégrer l'Union européenne", a poursuivi le CRP.
Selon les médias, au moins six journalistes travaillant pour deux chaînes roumaines de télévision ont été contraints de quitter la Moldavie jeudi. Vendredi, la télévision publique a annoncé être sans nouvelles depuis plusieurs heures de son correspondant à Chisinau.

Le président moldave Vladimir Voronine a accusé ces derniers jours la Roumanie d'être derrière les émeutes qui ont secoué son pays en début de semaine, avant d'affirmer vendredi disposer de "preuves" à cet effet. Bucarest, qui n'a pas encore réagi aux dernières déclarations de M. Voronine, avait qualifié d'"aberrantes" les accusations lancées auparavant.
Trois ONG ont pour leur part annoncé la création d'une "cellule de soutien" pour les journalistes qui travaillent en Moldavie, soulignant que ces derniers "craignent d'être arrêtés ou battus et que leur matériel soit détruit". L'Organisation des médias d'Europe du sud-est (SEEMO), basée à Vienne, a critiqué la décision des autorités moldaves de "limiter la liberté de mouvement des journalistes" et demandé une enquête sur les "entraves à la liberté d'expression".
Selon un communiqué cité par les agences roumaines, la SEEMO s'est déclarée "inquiète des agressions contre des journalistes" et a appelé à "identifier et punir les policiers" qui en sont responsables.
Et alors que les autorités moldaves ont fait état de l'arrestation ces derniers jours d'un "grand nombre" de ressortissants roumains, le ministère des Affaires étrangères a annoncé avoir mis en place un numéro de téléphone pour les personnes qui rencontrent des difficultés à contacter des proches se trouvant en Moldavie.
Soulignant qu'une demande officielle adressée à Chisinau de clarifier les informations sur les Roumains arrêtés est restée sans réponse, "le ministère invite tous ceux qui sont sans nouvelles de leurs proches à appeler le numéro" mis à leur disposition.

(©AFP / 10 avril 2009 17h34)

BELA KASA

Dans le cadre de Lille 3000, le photographe hongrois Bela Kasa expose quelques unes de ses oeuvres dans la cours de la Maison Folie de Moulins. En couleurs ou en noir et blanc, visages de tsiganes troublants.
Exposition gratuite jusqu'au 12 juillet, du mercredi au dimanche, de 14 h à 19 h. Maison Folie de Moulins, 49 rue d'Arras à Lille

MARTINA ET EMILE



Emile et Martina sont Slovaques. Je les croise souvent en allant travailler. Ils mendient quelques pièces, dans la même rue de Lille, chacun sur un trottoir. C'est comme ça depuis qu'ils sont arrivés en France, voilà près de deux ans. Comparés à d'autres, ils ont la chance d'avoir un ami qui les loge. "On a une petite pièce, une chambre et une cuisine, m'explique Martina. Il ne nous demande pas de loyer. Juste de l'argent pour le tabac et la nourriture."



Une chance pour ce couple qui ne parvient pas à trouver d'emploi. "On veut travailler", assure fermement Martina. En témoigne la même réflexion chaque fois que je dois les laisser pour me rendre au bureau. "Nous, toujours pas." Et qu'on ne les accuse pas d'abuser du système fraçais, hormis les piécettes qu'ils reçoivent des passants, ils ne touchent pas la moindre aide de l'Etat. "On n'est pas français, alors il faut qu'on travaille trois mois. Après RMI. Mais là, rien."



Ce qui m'étonne toujours, c'est le sourire qu'ils affichent continuellement. Assis par terre, une main tendue, le ventre creux, ils sourient.

JOURNEE MONDIALE DU PEUPLE ROM


Depuis 1971, le 8 avril est considérée comme la Journée internationale des Roms. C'est en effet ce jour qu'a débuté le premier congrès international des Roms, réuni à Londres du 8 au 12 avril. Il a permi d'affirmer « le droit du peuple Rom à chercher sa propre voie vers le progrès », d'appeler au développement d’une langue commune, de décider d’un drapeau, de choisir pour hymne « Gelem, gelem » (Je suis allé par de longues routes) et d'officialiser la dénomination « Rom ».

Le IIe congrès, réuni à Genève en 1978, insista sur l’aspect ethnoculturel et l’origine indienne pour définir le peuple Rom.

Le IIIe congrès, à Göttingen en 1981, s’attacha à la mémoire du «Samudaripen» (génocide) et à ses implications jusqu’à nos jours.

Le IVe congrès, le premier paneuropéen, à Varsovie, en 1990, rejeta toute revendication territoriale, souligna l’implication des Roms comme citoyens actifs dans la société, adopta un alphabet unique pour toutes les variantes du romani dans le respect des divers dialectes, relança la question des réparations de guerre et décida d’une coopération suivie avec les organisations internationales.
Lien : www.rromaniday.info

UN AUTRE REGARD SUR LA ROUMANIE

Découvrez le blog de ma collègue et amie Séverine. Elle a déjà fait plusieurs voyages en Roumanie et entend s'y installer dans les semaines à venir en qualité de journaliste pigiste.

A L'AFFICHE



Trois personnages sillonnent l'Europe d'aujourd'hui. Un jeune cadre. Une étudiante. Un kurde et son fils. Vers l'est ou vers l'ouest, en camion, en business class, en stop, en train, avec ou sans papier, à travers l'Europe contemporaine, chacun en quête de sa terre promise.

Nulle part, terre promise a remporté le en 2008 le prestigieux prix Jean-Vigo, qui distingue chaque année un réalisateur français "pour son indépendance d'esprit et son originalité de style". La même année, le film a été présenté au Festival de Locarno.
Source : allocine.com

JEAN-PIERRE LIEGEOIS



Jean-Pierre Liégeois sera présent à Lille le jeudi 14 mai dans le cadre de Lille3000. Il animera une conférence intitulée l'itinéraire culturel rom, à l'église Saint-Maurice, à partir de 20h30.

Jean-Pierre Liégeois est enseignant à l’université Paris-Descartes où il a fondé en 1979 et dirigé jusqu’en 2003 le Centre de recherches tsiganes. Il fait partie du Groupe d’étude pour l’Europe de la culture et de la solidarité. Depuis le début des années 1980, il a travaillé en étroite collaboration avec le Conseil de l’Europe et avec la Commission européenne et réalisé de nombreux ouvrages et rapports concernant les Roms et Tsiganes, notamment Roms en Europe.

CARTE




NADIJA




Nadija et ses enfants sont arrivés en France voilà deux ans. Quand on demande à la jeune maman de 29 ans d'évoquer son pays d'origine, elle emploie des mots simples, mais pleins de sens : " Pas bien Roumanie. Mieux ici." On la prie de développer un peu. Son visage se durcit : "Beaucoup travail, mais pas d'argent. Pas d'école pour les enfants." Sous les mots beaucoup de travail, on doit comprendre que l'on ne compte pas ses heures quand on a la chance d'avoir un emploi, mais que l'on gagne très peu. Elle faisait des ménages là-bas, et espère pouvoir en faire autant ici. Mais les places sont rares.




Sa famille est encore en Roumanie. Elle montre sa carte d'identité pour indiquer son adresse : Bacau, Sat. Valea Seaca. (Voir la carte ci-dessus). "Ma maman, mes soeurs. Ma manan a dix enfants." Son père ? "Il est malade." Le père de son "homme", comme elle dit, est malade aussi. Alors, il est retourné en Roumanie pendant un mois, pour le voir.


Le fils du couple est malade lui aussi. En France, il a pu bénéficier d'un corset pour maintenir son dos. "Sinon, il ne va pas grandit." Elle accompagne ses mots de gestes pour bien se faire comprendre. Stanatis, 9 ans, ne se plaint pas. Est-ce que ça lui fait mal ? Il hausse les épaules en guise de réponse. Lundi, il va commencer à aller à l'école. Alors, il ne peut que sourire.

VOYAGE EN ROUMANIE

C'est fait. Cécile et moi avons réservé ce midi nos billets d'avion. Décollage de Paris Beauvais pour Bucarest le 15 juin et retour le 26 juin.

Tarif de l'aller retour toutes taxes comprises : 69,98 euros, avec la compagnie wizzair.

Pour celles et ceux qui seraient intéressés : voyageforum.com

MA RENCONTRE AVEC LES ROMS

Je me souviens de ma première rencontre avec les Roms. C'était en juillet 2007, dans un bled, près de Valenciennes. On m'avait demandé de faire un article sur eux. Ils étaient barlottés de ville en ville et avaient échoué là, sur un terrain vague, planqués derrière des bosquets.
Pour ramerner leurs caravanes, ils avaient réussi à déplacer des pierres de plusieurs centaines de kilos, par un moyen qu'ils ne me divulguèrent pas.
La première approche a été délicate. Les Roms nous assimilaient à des policiers. "Chaque fois que vous faites un article sur nous, on vient nous déloger." J'ai pris le parti de ranger bloc notes et appareil photo. L'ambiance s'est détendue et nous avons pu discuter.
Des gamins noirs de crasse couraient partout. Des femmes préparaient un "repas" dans une espèce de marmitte sur un feu de bois. Certaines accrochaient du linge lavé je ne sais où. Pas d'électricité, ni d'eau courante bien sûr.
Et puis le choc : dans une des tentes, rapiécée avec des morceaux de bâches en plastique, un bébé, à même le sol. Je demande son âge. 13 jours.

Après une heure à discuter, j'ai pu ressortir l'appareil photo. Les enfants voulaient tous poser. Pas les femmes. Les hommes étaient en ville pour mendier quelques pièces de monnaie. Je leur ai promis de ne pas les publier et de ne pas indiquer l'endroit où ils vivaient. J'ai respecté mon engagement. Mais en rentrant le soir, quand j'ai regardé les photos, j'ai eu l'impression qu'elles avaient été prise dans un bidonville, au milieu d'un pays du Sud.

PORTRAITS DE SLOVAQUES




















Ils ne sont pas Roms, et ne vous avisez pas de faire l'amalgame, ils le supportent mal. Ils viennent de Slovaquie. Un pays qu'ils ont quitté voilà deux ans pour venir vivre en France. Depuis, ils vivent au mieux dans un foyer, quand des places sont libres, au pire dans la rue, à la gare de Lille.









RENCONTRE

C'est décidé, je pars en Roumanie les deux dernières semaines de juin. Objectif : rencontrer les Roms et mieux comprendre leurs conditions de vie. Surtout, illustrer la réponse tant de fois entendue à la question "Vos conditions de vie ici ne vous donnent-elles pas envie de rentrer chez vous ?"... "Non. On vit mieux ici qu'en Roumanie."

VILLAGE DE L'INSERTION

Les Roms ont emménagé dans le calme à Lille-Fives

vendredi 13.03.2009, 04:49 - La Voix du Nord

 Les travailleurs sociaux ont aidé les familles à emménager dans les mobile homes, hier, à Fives.
Les travailleurs sociaux ont aidé les familles à emménager dans les mobile homes, hier, à Fives.


Les Roms ont emménagé, hier, dans les mobile homes du village de l'insertion de Fives. Tout s'est déroulé dans le calme. Les travailleurs sociaux ont aidé à l'implantation des familles et les riverains ont à peine pointé le bout de leur nez.

PAR HEDWIGE HORNOY

lille@lavoixdunord.fr

Pas un bruit, pas un mot, pas un rire d'enfant. À l'approche du village de l'insertion de Fives, si Stéphanie n'était pas sortie d'un des mobile homes pour venir à notre rencontre, on aurait pu croire que les Roms n'avaient pas encore emménagé. « La plupart des familles sont arrivées », annonce pourtant la travailleuse sociale.

Les membres de l'Association des Flandres pour l'éducation, la formation des jeunes et l'insertion sociale et professionnelle (AFEGI), leur ont donné rendez-vous quelques heures plus tôt et ont fait des convois pour les amener jusqu'à leur nouveau domicile.

Quelques questions, aucune hostilité

Sans regret sans doute, les cinq familles de Roms ont laissé leur caravane derrière eux, pour emménager dans des mobile homes de 84 m², avec accès à l'électricité et l'eau courante. « Dès qu'ils sont arrivés, ils nous ont demandés où étaient les poubelles pour le tri sélectif. » C'est qu'ils ont été briefés en amont et qu'hier, ils n'avaient à disposition qu'un seul type de container.

Quelques voisins sont venus voir et ont posé quelques questions : « Qu'est-ce qui se passe ? » « Qu'est-ce que c'est ? » Les travailleurs sociaux leur ont expliqué que leurs nouveaux voisins venaient d'arriver. Aucun signe d'hostilité. Les Roms, eux, s'informent déjà sur les possibilités de scolarisation des enfants et d'emploi. Patrick Morvan, directeur du pôle insertion de l'AFEGI, assure être en contact avec la mairie. « Des enfants sont déjà inscrits dans une école de Fives et pourront aller dès demain en cours », précise Stéphanie. Les travailleurs sociaux sont également en relation avec les associations du quartier pour permettre aux parents d'approfondir leur connaissance du français. « Il y a une réelle volonté de leur part de s'intégrer. » Hier, après avoir posé leurs maigres bagages, ils ont signé un contrat, détaillant leurs droits et devoirs, ainsi que ceux de l'AFEGI. Patrick Morvan résume : « Nous nous engageons à les héberger pour une durée de six mois renouvelable et à leur assurer un accompagnement social. Eux doivent prendre soin du mobile home et du terrain, et s'intégrer. »

Travailleurs sociaux expérimentés

Pour les y aider, deux travailleurs sociaux, « diplômés et expérimentés », tournent entre les villages de Lille, Halluin et Faches-Thumesnil. Une équipe de médiateurs est en cours de constitution. « Ils s'occuperont de tout ce qui est proximité, gestion des logements, cohabitation avec les riverains, insertion sociale et culturelle. » Timidement, un père de famille sort du premier mobile home. Avec des mots simples, il exprime sa joie d'être là. « C'est bien. Vraiment. » Il ne reste pas longtemps dehors. Il a à faire. Et préfère rester discret.

ASSOCIATION

L'AREAS devra bientôt décamper de son local de Moulins

mercredi 31.12.2008, 04:46 - La Voix du Nord

Depuis les prémices de leur arrivée dans la région, les Roms peuvent s'appuyer sur l'AREAS. Soutien pour les démarches administratives, domiciliation, distribution de vêtements... Mais à partir du 30 janvier, l'association ne disposera plus de son local du quartier de Moulins pour assurer les permanences.

C'est avéré, le 30 janvier, c'est au tour de l'Association régionale d'étude et d'action sociale auprès des gens du voyage (AREAS) d'être victime d'expulsion. Hébergée rue Herriot, près de la porte de Valenciennes, elle devra quitter les lieux où elle assurait jusqu'ici ses permanences pour les Roms. Son bailleur, l'association La Sassia, que nous ne sommes pas parvenus à contacter, a choisi de ne pas renouveler le bail.

Delphine Beauvais, membre d'AREAS, pense que le bailleur a fini par craquer « sous la pression et les coups de téléphone incessants des résidants de l'immeuble ». L'un d'eux, Mme Simoens, nous avait en effet contactés en juillet pour dénoncer « des problèmes d'hygiène ». S'appuyant, selon elle, sur le fait que les Roms « ne se lavent pas ». Du côté de la mairie de quartier de Moulins, on confirme avoir reçu des plaintes de la part de résidants de l'immeuble, mais « ne pas être favorable à ce qu'AREAS soit déménagée dans ces conditions ». Et de soutenir que « d'ordinaire, on s'occupe de reloger les associations ».

Marie-Christine Staniec, adjointe à la lutte contre les discriminations, soutient être en contact avec l'association et travailler conjointement « avec le conseil général pour trouver une solution ». Que le local soit déménagé dans un autre endroit de la ville n'a, pour l'élue, pas tellement d'importance. « Là ou ailleurs, ce n'est pas le problème. Il y a des Roms dans toute la ville. Et puis, l'AREAS a un autre local à Fives. » Un local, oui, mais pour gérer en cette période quelque « 200 familles », avance Delphine Beauvais. Si la structure est fermée entre les fêtes de Noël et nouvel an, elle continue d'assurer une permanence téléphonique et peut intervenir en cas d'urgence. Comme en 2007, où une jeune Rom avait perdu la vie dans l'incendie d'un entrepôt.

Une infirmière embauchée

Cette année, pas de situation aussi dramatique, mais d'importants problèmes de santé tout de même. « Pour se chauffer, les Roms mettent des poêles à charbon au milieu de la caravane. » Au-delà des émanations de gaz carbonique, « des enfants qui jouaient autour se sont brûlés au troisième degré ». L'infirmière recrutée à temps plein voilà deux mois n'est donc pas de trop. Elle ne fait pas de grands soins, « mais elle peut soigner les petits bobos. Surtout, elle fait de la prévention, du repérage et de la sensibilisation ». Un plus pour l'AREAS qui peine à gérer la population en cette période de grand froid. Les structures d'hébergement d'urgence étant complètes depuis des semaines. •

HEDWIGE HORNOY

L'ARÉAS vue de l'intérieur avec des gens de l'Est

mercredi 04.02.2009, 04:50 - La Voix du Nord

 Une quarantaine de Roms et autres migrants de l'Est se pressent à chaque permanence de l'ARÉAS.
Une quarantaine de Roms et autres migrants de l'Est se pressent à chaque permanence de l'ARÉAS.

Deux fois par semaine, Roms, Slovaques, Bosniaques et autres populations de l'Est, se pressent à l'ARÉAS pour débloquer quelques fonds pour vivre, faire émerger des demandes, survivre. Rencontre.

PAR HEDWIGE HORNOY

lille@lavoixdunord.fr
PHOTOS FRÉDÉRIC DOUCHET

Emmitouflé dans une doudoune, les oreilles couvertes d'un bonnet, les mains dans une paire de gants trop grande pour lui, Marek, petit slovaque de 13 ans, attend au pied d'un immeuble, rue Herriot avec son père, sa mère, ses trois petites soeurs et bien d'autres encore.

À quelques mètres, une quinzaine de personnes attendent eux aussi l'arrivée des salariés de l'Association régionale d'étude et d'action sociale auprès des gens du voyage (ARÉAS). Ceux-là sont Roms. Ils ont l'habitude de venir. Et bien que les Slovaques, qui font le pied de grue tout près, soient nouveaux, pas question d'aller les voir et d'engager la conversation. Dans un camp comme dans l'autre, on ne le cache pas, « on s'aime pas trop ».

Quand François Vlaminck, éducateur, ouvre enfin la porte du local avec une vingtaine de minutes de retard, les Roms s'engouffrent dans le hall, suivis de près par Marek et les siens.

Dans la salle louée par l'ARÉAS, commence sans tarder la distribution du courrier. Tout le monde attend avec impatience une lettre du conseil général, de l'assurance maladie ou de la préfecure. Alors à la porte, ça se bouscule. Mais François Vlaminck remet très vite tout le monde à sa place.

Depuis juin, la CAF exige un titre de séjour pour attribuer une quelconque allocation. « Or, qui dit titre de séjour, dit emploi. Et aucun n'en a. » Les Roms s'adressent donc au conseil général, qui peut leur accorder une aide sociale à l'enfance « d'environ 180 E par mois et par enfants, pendant une durée donnée, par lettre chèque à échanger au Trésor public ». D'autres reçoivent une réponse à des demandes de couverture sociale. « Les factures des urgences du CHRU et amendes de Transpole arrivent ici aussi », chuchote l'éducateur. « Le courrier, c'est très important pour eux. » À l'idée de ne plus avoir de local, c'est donc l'angoisse pour tous.

Pour les Slovaques, il n'est pas encore question de lettres et de factures. Ils vont d'abord faire connaissance avec l'équipe. Entamer les premières démarches. François Vlaminck explique : « On va appeler le 115 pour prévenir qu'ils ont besoin d'un toit. » Ils seront bien sûr ajoutés au bas de la longue liste d'attente. « Mais ça remontera à la DDASS. » La petite, qui souffre d'une otite, sera dirigée vers Médecins solidaires de Lille. « Ils prennent en charge le public sans papiers. » L'équipe ira ensuite sur place pour juger de la situation. « Mais pour l'instant, on est dans la survie. » François Vlaminck, pessimiste, réaliste peut-être, estime qu'« on ne verra vraiment une stabilisation que dans quatre ou cinq ans ».

SEDENTARISATION

APour les Roms de l'Épi de Soil, un début de sédentarisation qui vole en éclats

vendredi 06.02.2009, 04:50 - La Voix du Nord

 Dilbert Selimovic entouré de ses enfants, dans sa pièce à vivre, faite main. PHOTO FRÉDÉRIC DOUCHET
Dilbert Selimovic entouré de ses enfants, dans sa pièce à vivre, faite main.

À la lisière de Lille-Sud et de Loos, un bidonville s'est formé sur un terrain de l'Épi de Soil. Depuis quelques mois, les Roms qui y vivent ont construit des baraquements avec des matériaux de récupération pour mieux supporter le froid hivernal. Mais un vent d'expulsion menace.

Épi de Soil. D'un côté de la route, un champ fraîchement labouré. De l'autre, un terrain vague où s'amoncellent des ordures. Entre les terrils de détritus, des caravanes dans un état douteux. Et depuis quelques mois, des baraques de fortune construites en matériaux de récupération.

La famille Selimovic - Dilbert, 53 ans, son épouse et ses six enfants - vit dans l'une d'elles. Avec beaucoup d'huile de coude, d'imagination et de patience, ils se sont bâtis une pièce à vivre en annexe de leur caravane. Revêtement de sol bleu pâle, meubles de cuisine, canapé, table de jardin et quelques chaises. Des planches de bois assemblées à la main et quelques fenêtres forment leur habitat. Le tout glané ça et là, la veille du passage des encombrants. Dans un français approximatif mais compréhensible, Dilbert explique : « J'ai acheté 5 kg de clous et un marteau et j'ai tout construit. » Attablé au milieu de sa pièce à vivre, le patriarche est fier d'avoir pu donner un toit un peu plus spacieux aux siens.

Près du canapé, un poêle à bois. Fait maison lui aussi. « J'ai pris un baril, j'ai coupé et j'ai soudé des plaques de fer. J'ai juste acheté le tuyau pour l'évacuation. » Un peu dangereux, surtout pour les enfants, « mais y'a jamais eu de blessés ». Tatiana alimente régulièrement le foyer et rempli la gamelle d'eau qui chauffe dessus en permanence.

Ce matin, ou peut-être demain, tout ça va voler en éclats. « La police est passée y'a une semaine. Ils ont dit qu'on allait devoir partir. Sûrement le 6 février. » Les Selimovic n'auront que le temps de prendre le minimum et regarder les bulldozers détruire tout en quelques minutes. « On a demandé un délai jusqu'à mars. Jusqu'au retour des beaux jours. » En vain.

La société Soreli a racheté le terrain voici deux mois et a fait tout de suite la demande d'expulsion. La directrice, Fabienne Duwez, explique : « Avant, le terrain était occupé par une casse automobile sauvage. Je ne peux pas prendre la responsabilité de laisser des gens vivre sur un terrain pollué. » Elle assure travailler en coordination avec les services de la communauté urbaine pour qu'ils leur trouvent un terrain d'accueil. Mais mercredi, Dilbert ne savait toujours pas où il allait bien pouvoir aller.

Vers 15 h, ce jour-là, deux voitures de police banalisées déboulent dans le camp. Les visages blêmissent. Les enfants se précipitent à la fenêtre. Le patriarche sort. Fausse alerte. « Ils cherchent quelqu'un. » Mais tout le monde confesse : « On a peur que la police débarque pour nous dire de partir. » Dilbert rêve de sédentarisation. « Si on me dit aujourd'hui que je peux m'installer sur un terrain et y rester, je pars tout de suite. » Depuis six ans qu'il est en France, il fait les démarches auprès de la préfecture pour obtenir un titre de séjour avec autorisation de travail. « Pour pouvoir chercher un emploi, avoir un logement et mettre les enfants à l'école. » Toujours pas de réponse positive.

HEDWIGE HORNOY

PHOTO FRÉDÉRIC DOUCHET