MA RENCONTRE AVEC LES ROMS

Je me souviens de ma première rencontre avec les Roms. C'était en juillet 2007, dans un bled, près de Valenciennes. On m'avait demandé de faire un article sur eux. Ils étaient barlottés de ville en ville et avaient échoué là, sur un terrain vague, planqués derrière des bosquets.
Pour ramerner leurs caravanes, ils avaient réussi à déplacer des pierres de plusieurs centaines de kilos, par un moyen qu'ils ne me divulguèrent pas.
La première approche a été délicate. Les Roms nous assimilaient à des policiers. "Chaque fois que vous faites un article sur nous, on vient nous déloger." J'ai pris le parti de ranger bloc notes et appareil photo. L'ambiance s'est détendue et nous avons pu discuter.
Des gamins noirs de crasse couraient partout. Des femmes préparaient un "repas" dans une espèce de marmitte sur un feu de bois. Certaines accrochaient du linge lavé je ne sais où. Pas d'électricité, ni d'eau courante bien sûr.
Et puis le choc : dans une des tentes, rapiécée avec des morceaux de bâches en plastique, un bébé, à même le sol. Je demande son âge. 13 jours.

Après une heure à discuter, j'ai pu ressortir l'appareil photo. Les enfants voulaient tous poser. Pas les femmes. Les hommes étaient en ville pour mendier quelques pièces de monnaie. Je leur ai promis de ne pas les publier et de ne pas indiquer l'endroit où ils vivaient. J'ai respecté mon engagement. Mais en rentrant le soir, quand j'ai regardé les photos, j'ai eu l'impression qu'elles avaient été prise dans un bidonville, au milieu d'un pays du Sud.

3 commentaires:

  1. Au milieu de n'importe quel pays, il existera toujours un bidonville. A l'heure ou le monde s'interroge sur lesgrands défis que l'humanité aurait à relever pour le futur,Les intérêts de la mondialisation inversent les prédicats ; les rôles économiques et les êtres vivants. Hors, les mondialisations sont en elles-mêmes un paradoxe "unitaire" "conflictuelle et pluraliste". On connaît trop l’hypocrisie, et la lâcheté des politiciens, (les décisions d’aujourd’hui seront les conséquences de demain)
    Félicitation pour ton travail, et j'admire ton engagement au travers duquel tu redonnes, ses titres de noblesse au mètier que tu excerces.
    La solidarité, c'est la conjugaison de la conscience et de l'action.: Naturaè-Humanitas

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  2. Beau travail, Edwige. Je te mets en lien sur le blog du maire de Templemars (http://fbaillot.blog.lemonde.fr)...

    Frédéric Baillot

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  3. L'histoire ne dit pas ce qu'il est advenu de ton article lorsque que tu es rentré à la rédaction ?

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