L'ARÉAS vue de l'intérieur avec des gens de l'Est

mercredi 04.02.2009, 04:50 - La Voix du Nord

 Une quarantaine de Roms et autres migrants de l'Est se pressent à chaque permanence de l'ARÉAS.
Une quarantaine de Roms et autres migrants de l'Est se pressent à chaque permanence de l'ARÉAS.

Deux fois par semaine, Roms, Slovaques, Bosniaques et autres populations de l'Est, se pressent à l'ARÉAS pour débloquer quelques fonds pour vivre, faire émerger des demandes, survivre. Rencontre.

PAR HEDWIGE HORNOY

lille@lavoixdunord.fr
PHOTOS FRÉDÉRIC DOUCHET

Emmitouflé dans une doudoune, les oreilles couvertes d'un bonnet, les mains dans une paire de gants trop grande pour lui, Marek, petit slovaque de 13 ans, attend au pied d'un immeuble, rue Herriot avec son père, sa mère, ses trois petites soeurs et bien d'autres encore.

À quelques mètres, une quinzaine de personnes attendent eux aussi l'arrivée des salariés de l'Association régionale d'étude et d'action sociale auprès des gens du voyage (ARÉAS). Ceux-là sont Roms. Ils ont l'habitude de venir. Et bien que les Slovaques, qui font le pied de grue tout près, soient nouveaux, pas question d'aller les voir et d'engager la conversation. Dans un camp comme dans l'autre, on ne le cache pas, « on s'aime pas trop ».

Quand François Vlaminck, éducateur, ouvre enfin la porte du local avec une vingtaine de minutes de retard, les Roms s'engouffrent dans le hall, suivis de près par Marek et les siens.

Dans la salle louée par l'ARÉAS, commence sans tarder la distribution du courrier. Tout le monde attend avec impatience une lettre du conseil général, de l'assurance maladie ou de la préfecure. Alors à la porte, ça se bouscule. Mais François Vlaminck remet très vite tout le monde à sa place.

Depuis juin, la CAF exige un titre de séjour pour attribuer une quelconque allocation. « Or, qui dit titre de séjour, dit emploi. Et aucun n'en a. » Les Roms s'adressent donc au conseil général, qui peut leur accorder une aide sociale à l'enfance « d'environ 180 E par mois et par enfants, pendant une durée donnée, par lettre chèque à échanger au Trésor public ». D'autres reçoivent une réponse à des demandes de couverture sociale. « Les factures des urgences du CHRU et amendes de Transpole arrivent ici aussi », chuchote l'éducateur. « Le courrier, c'est très important pour eux. » À l'idée de ne plus avoir de local, c'est donc l'angoisse pour tous.

Pour les Slovaques, il n'est pas encore question de lettres et de factures. Ils vont d'abord faire connaissance avec l'équipe. Entamer les premières démarches. François Vlaminck explique : « On va appeler le 115 pour prévenir qu'ils ont besoin d'un toit. » Ils seront bien sûr ajoutés au bas de la longue liste d'attente. « Mais ça remontera à la DDASS. » La petite, qui souffre d'une otite, sera dirigée vers Médecins solidaires de Lille. « Ils prennent en charge le public sans papiers. » L'équipe ira ensuite sur place pour juger de la situation. « Mais pour l'instant, on est dans la survie. » François Vlaminck, pessimiste, réaliste peut-être, estime qu'« on ne verra vraiment une stabilisation que dans quatre ou cinq ans ».

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